Ma première rencontre avec Anthony Horowitz doit remonter à mes 11 ans.  A défaut d’avoir une grande sœur qui me refilait ses t-shirts trop petits, j’avais un frère aîné dont on me donnait les livres quand il passait un certain cap de lecture. Je me suis donc retrouvée en possession de trois livres de cet auteur, qui ont marqué mon premier coup de cœur pour le genre fantastique. Bien des années plus tard, après une quête pour retrouver le tome que je n’avais jamais lu de cette première saga, mon colocataire a acheté deux autres romans bien connus de cet auteur : « L’île du crâne » et « Maudit Graal » . C’est donc de ces deux histoires que je vais vous parler (oui, tout ça pour ça !).

La première chose à savoir est que ces deux romans, écrits en 1988 et 1995, ne sont pas sans rappeler une certaine J. K. Rowling et ses contes pour enfants de 700 pages. Mais voyons plutôt de quoi parle cette petite saga.

couvertures_horowitz

Des couvertures qui ne font pas rêver, et pourtant ce ne sont pas les versions des années 90…

David Eliot, bientôt 13 ans, vient d’être renvoyé de Beton, école privée pour futurs génies de la comptabilité. Quelques heures après cette annonce, une lettre pour promouvoir l’école de Groosham Grange arrive dans les mains de Mr Eliot, banquier de son état, aussi strict que colérique. Étrangement, cet établissement correspond à tous ses critères d’éducation et David est envoyé faire ses études sur l’ile du Crâne. Dans le train, il va rencontrer Jill et Jeffrey, deux étudiants de l’école qui, eux aussi, ont été renvoyé de leurs anciennes écoles et ont reçu un courrier décrivant Groosham Grange comme l’endroit idéal selon les critères de leurs parents. Arrivés sur l’Ile, ils vont vite se rendre compte que quelque chose se trame. Le directeur, Mr Kilgraw n’a pas de reflet, l’infirmière Mme Windergast a des méthodes plutôt inhabituelles pour soigner, Mr Leloup, le professeur de Français, disparaît une fois par mois et l’enseignante d’histoire, couverte de bandelettes, parle de Shakespeare comme si elle l’avait connu personnellement…

La ressemblance avec l’oeuvre de Rowling est plus que flagrante. David Eliot est un enfant que ces parents n’aiment pas. Son père pique des colères et sa mère correspond plutôt bien à la description d’une « mégère écervelée ». On rencontre même l’une de ses tantes dans le second tome, dont le sort n’est pas très éloigné de celui de la tante du sorcier à la cicatrice en éclair. Beaucoup de détails rappellent Harry Potter mais, pour faire court car le jeu des ressemblances peut durer un moment, J. K. Rowling a reconnu apprécier l’écriture d’Horowitz, ce qui peut laisser penser que la coïncidence n’est pas fortuite.

Mis à part cela, l’univers déborde de petites réflexions amusantes et d’humour noir. La mère de David est un personnage complètement burlesque et les crises hystériques de son père sont si exagérées qu’elles en sont drôles. Sa façon d’insister sur les châtiments que lui infligeait son propre père m’a fait penser à la surenchère d’un sketch des Monty Python. Est-ce que cela suffit à retenir l’attention du lecteur sur 150 pages ? Pas sûr.

Là où Rowling a réussi à faire des romans aboutis, Horowitz sert une histoire d’aventure pour enfant dans la tradition pure, pas trop complexe tant au niveau de la trame que de la forme. Le vocabulaire est simple, la formulation sans chichis. Certes, ces livres sont parus bien avant la déferlante potterienne et sa réinvention de l’écriture pour la jeunesse mais, clairement, lire ce roman aujourd’hui laisse un coup d’inachevé. Là où on réclame plus de détails, on nous laisse en suspens et on doit rattraper le personnage qui poursuit ses aventures sans s’attarder sur des aspects qui auraient pu donner plus de relief à la narration.

J’ai trouvé l’ensemble trop superficiel pour vous le recommander. Par curiosité peut être, mais pas pour l’écriture ou pour l’histoire, on a vu tellement mieux depuis qu’elle paraît bien pâle. Je reconnais que c’est un jugement un peu sévère, qui reflète un point de vue adulte avec le bagage que cela implique, mais je ne doute pas que si j’avais une machine à voyager dans le temps (bleue, en bois, au style britannique s’il vous plaît) et j’avais remis ces livres à la gamine de 11 ans que j’étais, elle aurait sans doute dévoré les deux livres en clamant qu’Antony Horowitz était son auteur préféré.