Alors que je payais ma (trop) grande quantité de livres habituelle à la caisse de ma librairie préférée, mon regard s’est attardé sur la couverture blanche et verte de « Lovestar » d’Andri Snær Magnason. Ces quelques mots en bas de résumé ont su me convaincre : « …rencontre improbable mais ô combien jouissive entre « L’écume des jours » et « 1984 » ». Qui aurait pu résister ?

Lovestar est un industriel extraordinaire, possédé par des idées grandioses. Après avoir inventé l’être humain connecté directement par la pensée, après avoir donné une esthétique nouvelle à la mort, permis aux gens de vivre sans s’inquiéter de leurs choix ou de rembobiner leurs enfants, le monde salue son dernier succès : inLove, un système révolutionnaire permettant de trouver votre seul et unique amour. Sous le charme dès le premier regard, Indriði et Sigriður vivent une histoire des plus mielleuses jusqu’au jour où un courrier vient assombrir leur idylle mashmallow. inLove a calculé l’âme sœur de Sigriður et ce n’est pas Indriði.

Je m’attendais à une histoire d’amour et de reconquête dans un monde dystopique, j’ai été déçue. Pas par l’aspect décalé, voire absurde, du roman qui est bien au rendez-vous, mais par l’histoire en elle-même. Le titre étant « Lovestar », pas « Indriði et Sigriður », ç’aurait dû me mettre la puce à l’oreille.

Le cœur du roman est bien ce personnage, sa vie et ses découvertes. Si les explications de son travail enrichissent énormément cet univers particuliers, elles paraissent parfois bien longues et ennuyeuses. De son côté, l’histoire des amoureux déchirés s’apitoie sans fin. La mise en parallèle entre le couple suintant de bons sentiments et l’entrepreneur obsessionnel ne fonctionne pas vraiment. Il se dégage surtout l’impression que l’intrigue est un prétexte pour déambuler dans cet imaginaire farfelu et que  tout ce petit monde avance platement vers le dénouement.

Réjouissons-nous un peu cependant ! À défaut d’une histoire rocambolesque, « Lovestar » regorge d’idées extraordinaires qui valent le coup d’être lues. Des Mickeys psychopathes, des gens possédés à des fins publicitaires, un système consultable à volonté qui vous dit ce que vous seriez devenus si vous aviez fait un autre choix de vie (en général, vous seriez mort ou ce serait la fin du monde, ou les deux)… Si l’on est pas rebuté par les aspects évoqués précédemment, c’est un vrai plaisir de découvrir ce monde délirant où le marketing est poussé jusqu’à l’absurdité totale.