En tant que grande amatrice du genre fantasy, c’est assez naturellement que je me suis aventurée dans un cinéma pour aller voir cette adaptation du roman de J. R. R. Tolkien et préquel du « Seigneur des anneaux ».

bilbo

« Ça devient vraiment n’importe quoi… »

Pour résumer, Bilbon Sacquet (« Bilbo Baggins » pour les plus bilingues d’entre nous) est un hobbit peureux et quelque peu asocial. En bon représentant de son genre, il aime la bonne chère et fumer sa pipe au soleil dans son jardin jusqu’au jour où Gandalf, magicien de son état, vient troubler son repos et invite chez lui 13 nains. Débordé par cette hospitalité forcée, Bilbo se retrouve mêlé à l’histoire de cette compagnie qui a pour plan de reprendre le royaume et la mine d’Erebor qu’un dragon a décidé de s’approprier des lunes et des lunes de cela.

Passée la joie de retrouver les paysages familiers de la Terre du Milieu et le visage familier de Ian Mc Kellen en Gandalf, on tente de s’accrocher à cette aventure. Si la narration reprenant l’histoire de la mine et des ses habitants nous replonge dans l’univers de Tolkien, une fois revenu dans la Comté, c’est autre chose. Entre les longueurs et l’ennui, on perçoit le jeu d’acteur de Martin Freeman qui maîtrise plutôt bien le rôle du hobbit effarouché. La mise en place de l’histoire tarde et une fois qu’elle est lancée, les scènes d’action s’enchaînent à une telle vitesse qu’elles ne peuvent pas être appréciées à leur juste valeur. Ça court dans tous les sens, la caméra virevolte et la nausée monte doucement des tréfonds abyssaux de nos estomacs.

L’histoire en elle-même est intéressante mais clairement, le format n’est pas adapté. Ce qui aurait pu tenir en un film d’une heure et demi est développé sur 2h45 et les fauteuils de cinéma les plus confortables deviennent des planches de bois brutes sous nos dos endoloris. Parfois, un paysage ou un visage connu relance l’intérêt qui s’étiole doucement. De Fondcombe et ses elfes à la grotte de Sméagol/Gollum, on retrouve les personnages et les lieux qui ont su séduire dans la première saga. On sent bien que Peter Jackson aime cet univers et fait son possible pour nous faire partager sa passion, cependant la magie n’opère plus aussi efficacement et ne dissimule plus les éléments saugrenus de l’histoire.

Gandalf le gris et Radagast le brun

Gandalf le gris et Radagast le brun : réunion de barbus

Si je n’ai pas grincé des dents lors de la scène où les nains s’installent à table à grand renfort de jonglage ou lorsqu’ils poussent la chansonnette, certains aspects m’ont laissée perplexe. (Attention aux spoilers pour ceux qui n’auraient pas vu le film) Comme c’est le cas avec le personnage de Radagast, magicien hippie qui vit dans la forêt et qui aime les promenades dans son traîneau tiré par des lapins. Oui, oui, des lapins… Si ce personnage est dans le livre d’origine, peut-être aurait-il fallu, comme une bonne partie de l’histoire, le retravailler.

En bref, c’est un film avec un potentiel mal exploité que nous livre Peter Jackson et qui nous fait redouter les prochains opus. Si l’épaisseur des livres de la trilogie du Seigneur des Anneaux justifiait la création de trois films, l’épaisseur de celui du Hobbit étonne de pouvoir fournir la matière d’un long métrage et fait redouter le contenu de deux autres.