J’ai découvert « La Stratégie Ender » l’année dernière. Quand mon colocataire m’a dit que c’était l’un de ses livres préférés, je me suis empressée de le lire aussi. Sans devenir le mien pour autant, j’ai beaucoup apprécié ce roman d’Orson Scott Card et c’est avec curiosité que je suis allée voir son adaptation au cinéma.

Résumer sans trop en dire est une tâche difficile.

Dans le futur, l’espère humaine est en guerre avec une forme de vie extra-terrestre, les Doryphores. Pour se préparer contre une prochaine invasion, les forces militaires terriennes forment des enfants aux combats et aux techniques tactiques en choisissant les plus prometteurs. Ender Wiggin est l’un d’entre eux. Extrêmement intelligent et très doué pour anticiper les mouvements de l’ennemi, il est envoyé à l’Ecole de Guerre. Là-bas, il enchaîne les simulations et mises en situation qui lui permettront peut-être de devenir le plus grand commandant de l’Histoire.

Le colonel Graff (Harrison Ford) et Ender Wiggins (Asa Butterfield)

Le colonel Graff (Harrison Ford) et Ender Wiggin (Asa Butterfield)

Si l’on a adoré le livre, le film paraît un peu décevant. Si on ne l’a pas lu, a priori pas de problème.

D’un point de vue cinéma, c’est un bon film de SF. L’ensemble s’enchaîne bien, alternant scènes d’action et justifications de l’avancée scénaristique. On comprend que le pauvre Ender n’a pas tellement son mot à dire sur ce qu’on lui fait subir et qu’il s’adapte à chaque situation avec intelligence et une touche de désinvolture. On appréhende assez bien son caractère, oscillant entre violence et compassion, son tempérament bien trempé et on saisit l’importance de ses liens avec sa sœur.

Les jeunes acteurs sont excellents. Asa Butterfield incarne un Ender très convaincant et Moises Arias campe un Bonzo détestable à souhait. Quant aux moins jeunes acteurs, ils sont à la hauteur des attentes, notamment Harrison Ford qui n’a plus rien à prouver.

La réalisation est bonne, sans laisser d’images extraordinaires en tête, et les effets spéciaux sont corrects (quoiqu’un peu faiblards pour l’apesanteur quand on vient de voir « Gravity »). Dans l’ensemble, on peut dire sans crainte que c’est un film de science-fiction agréable à regarder.

Ender et sa soeur Valentine

Ender et sa soeur Valentine (Abigail Breslin)

Pour les amateurs du livre, la situation se corse un peu. Clairement, le  film donne une impression de superficialité, s’arrêtant aux scènes de combat et de tactiques. Il ne traite pas beaucoup de l’aspect psychologique des personnages qui apporte tout  son intérêt à l’histoire et l’impasse est faite sur les activités de Peter et Valentine sur terre pendant ce temps.

On peut aussi reprocher l’évolution rapide d’Ender dans l’école militaire et la concentration des techniques qu’il met au point dans ses batailles en quelques scènes mais un film ne peut pas se permettre de prendre son temps comme le fait un livre. Difficile donc de faire tenir plusieurs années d’une éducation dans un film de moins de 2h.

Si certains ont un peu grincé des dents en voyant Ender si vieux par rapport au roman, pour ma part, j’ai été particulièrement heureuse de le voir plus grand. J’avais beaucoup de mal à imaginer un enfant de 10 ans avec ce niveau de compétences.

Mis à part ces quelques points, l’univers décrit par Orson Scott Card est bien mis en scène et nous fait passer un bon moment de cinéma. Une interrogation reste cependant dans l’esprit de ceux savaient par avance ce qui allait se passer : est-ce que le retournement final réussi son effet de surprise quand on ne prête pas attention aux indices disséminés dans les scènes ? Si vous avez vu le film sans avoir lu le roman, votre avis m’intéresse. Et pour ceux qui n’ont pas vu le film, il est encore temps d’aller vous faire votre propre opinion.