Texte unique – temps libre
Sujet libre
Cela faisait déjà 20 minutes qu’il courait. Son application lui disait qu’il allait à son rythme habituel, il en était à son quatrième kilomètre. La route descendait légèrement avant de tourner sur la gauche. Il visualisait la suite de son parcours, il le connaissait par cœur : passer devant l’église, longer la mare, remonter vers le bourg, repartir vers la gauche pour rejoindre le chemin qui l’amenait derrière chez lui. En maintenant sa vitesse, il serait rentré suffisamment tôt pour profiter d’une bonne douche avant de finir son travail en attente. Il aurait peut-être aussi un peu de temps à passer avec les enfants s’il se dépêchait.
Il suivit la route. Des voitures formaient un bouchon. Une fourgonnette de gendarmerie bloquait le passage aux véhicules. Il se faufila en trottinant.
L’attroupement s’étendait sur les deux trottoirs. La camionnette noire patientait sur la route, le coffre ouvert. Le clocher sonnait dans le silence. Le temps semblait suspendu. Il croisa les visages défaits. La jeune fille rousse qui était soutenue par deux femmes plus âgées. L’homme au visage violacé, les yeux boursouflés, qui essuyait son nez avec un mouchoir en lambeaux. Cet homme décomposé qui fixait d’un regard vide le véhicule en attente. La femme à ses côtés qui verrait chaque matin encore le visage de sa mère dans son miroir.
Le silence était lourd comme la chaleur de cette journée d’été pluvieuse. Les larmes ruisselantes sur les joues, les attitudes solennelles, les têtes baissées, les sanglots étouffés…
Il ne se rappela pas du reste de son trajet. Il tourna la clé de sa porte, ce silence obsédant toujours en tête. Il pris sa douche de façon mécanique. Finalement il entra dans la chambre des enfants et joua avec eux longtemps. Le travail n’était plus si important.
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Crédit photo : Giuliamar sur Pixabay
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