Parfois, il n’y a pas besoin de beaucoup de route pour se laisser dépayser totalement. Cette année voit la cinquième vidange du lac de Guerlédan, dans le Morbihan. Depuis la construction du barrage en 1930, il est nécessaire de vider régulièrement les 50 millions de m² d’eau retenus pour procéder à un examen complet de la structure. Si auparavant il fallait le faire tous les 10 ans, les moyens techniques permettent désormais d’allonger ce délai entre les vidanges, rendant l’événement plus rare mais pas moins impressionnant.
Passant dans le coin pour un week-end en famille, j’ai eu l’occasion d’aller jeter un œil à ce lieu métamorphosé. Je vous propose donc d’aller toucher le fond ensemble.
En temps normal, le lac de Guerlédan est un endroit agréable, fourmillant d’activité. Les clapotis de l’eau, les cris amusés des enfants, les skieurs nautiques derrière les bateaux à moteur, tout inspire la tranquillité et la douceur de vivre. Pour les randonneurs en quête de calme, des chemins boisés entourent la vallée engloutie et offrent de superbes promenades embaumant la mousse. Autant vous dire que le décor a bien changé.
L’eau verdoyante ponctuée de pédalos a laissé place aux plaques de boues craquelées, prêtes à dévorer les marcheurs inconscients. Les touristes ont troqué leurs gilets de sauvetage contre les chasubles aux couleurs d’un grand groupe de l’énergie et longent, à la file indienne, les eaux fangeuses du Blavet retrouvant son lit.
C’est un paysage lunaire que le fond d’un lac. Sortis de leurs tombes d’eau et de sédiments, les arbres sont figés depuis l’instant de leur immersion. Fragiles, marqués par les mouvements de l’eau, ils prennent des allures fantasmagoriques tandis que les ouvrages du passé ressurgissent, chargés d’histoires et d’émotions.
La transformation ne s’arrête pas à cette vision désertique. L’air, habituellement porteur de cette fraîcheur piquante des plans d’eau, semble plus sec et, lorsque le soleil fait une apparition, la chaleur se fait plus lourde qu’à l’ordinaire. Illusion soutenue par ce sol ridé ou réelle constatation ?
L’une de mes craintes était de tomber nez à nez avec un macchabée abandonné par des malfrats. La faute aux trop nombreux films policiers et leurs clichés de pieds bétonnés. Une rencontre du genre ne risquait pas d’arriver puisque le site a été nettoyé et balisé avant son ouverture au public. Les seuls cadavres rencontrés ont été quelques pneus et un tambour de machine à laver. Pas de quoi nourrir des cauchemars, sauf peut-être pour les écologistes.
Les curieux qui aimeraient faire le déplacement peuvent profiter de l’assec du lac qui se poursuivra jusqu’en octobre. Et pour en savoir plus sur cet événement exceptionnel, le site officiel du lac de Guerlédan est très bien renseigné.
Laisser un commentaire