L’un des auteurs japonais les plus connus est sans conteste Haruki Murakami. Encensé pour ses romans à succès comme « Kafka sur le rivage », il provoque un événement littéraire à lui seul à chaque sortie d’un nouveau livre.
J’ai beaucoup aimé des romans courts comme « La course au mouton sauvage » ou « Le passage de la nuit ». J’y ai trouvé des univers étonnant, avec une sensibilité particulière et cet équilibre fragile entre le réel et l’irréel. En somme, il s’en dégageait une contemplation du monde aux saveurs subtiles, qui explore les confins des possibles.
Naturellement, face à mon engouement pour son écriture et les critiques positives de mon entourage sur ces romans en plusieurs tomes, je me suis essayée à son Best-seller de 2011 : « 1Q84 » . Autant vous dire que mon amour pour sa plume en a pâti violemment.
« 1Q84 » est bien sûr un clin d’œil au titre du célèbre roman de George Orwell, « 1984 ». Mais, à part l’utilisation ponctuelle de l’expression « Big Brother », la comparaison s’arrête là.
L’histoire se déroule durant l’année 1984 et suit deux personnages essentiels : Aomamé, professeur de sport mais également tueuse à gage, et Tengo, enseignant de mathématiques aux talents d’écrivain. Tandis que l’une se voit confiée l’assassinat du leader d’une secte très puissante, l’autre est chargé de réécrire le roman d’une adolescente de 17 ans, échappée de cette même communauté. Tous deux vont alors glisser dans un monde parallèle, 1Q84.
Si l’on en croit les chiffres, le premier tome a eu plus de succès le jour de sa sortie qu’Harry Potter. Bien qu’il soit assez prenant, j’avoue ne pas comprendre l’engouement autour de ce livre. Je ne nierais pas qu’il est agréable à lire et qu’il instaure un récit solide, avec des éléments qui donnent envie d’en savoir plus (un secret familial, des meurtres non élucidés, une communauté aux mœurs intrigantes…).
Le hic, c’est la suite. Quand le tome 1 se dévore comme des gâteaux apéritifs, le tome 2 donne l’impression de passer à l’entrée juste après avoir gobé trois paquets entiers de Chipsters. Le premier tiers du livre se lit mais le reste demande de la persévérance. L’histoire patauge, s’enlise et ne décolle plus. Les personnages sont cloîtrés chez eux, ne bougent plus, suspendus à des fils de pensées sans fins. En entamant le troisième tome, on a l’espoir de retrouver cette fraîcheur des débuts, illusion digne d’une bûche de Noël post-réveillon. Ligne après ligne, l’impression d’avoir pris la part de trop persiste.
Durant une bonne partie de ma lecture, je me suis demandée vers quoi tendait l’auteur, avant de me rendre compte que la majorité du roman n’est finalement qu’une gigantesque broderie autour d’une histoire d’amour. Même si cette constatation est inscrite en filigrane depuis le début, il a tout de même fallu que j’arrive à une centaine de pages de la fin pour en prendre pleinement conscience. L’important dans cette trilogie n’est pas ce qui tient le lecteur en haleine mais bien ces interminables pensées qui vont permettre aux personnages de se sentir prêts pour se retrouver. Quant aux multiples intrigues béantes qui ont su éveiller tant d’intérêt, elles resteront sans résolutions pour la plupart d’entre elles.
Il paraît que Haruki Murakami a sorti un nouveau best-seller cette année. Pour ma part, je vais l’éviter. Peut-être me plongerais-je encore dans un de ces romans courts à l’occasion, mais je ne perdrais plus de temps à lire ses contemplations infinies sur la vie, la mort et l’amour s’il persiste à ne pas clore les intrigues qu’il propose.
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