Texte unique – 15 minutes

Inducteurs
Le gang des SDF aux lapins – la poésie des trottoirs – on passe le cratère et on y est – le wagon est bondé – dormir la bouche ouverte

Patapon en avait ras la touffe, ras les oreilles, les papattes et tout ce qui va avec ! Ça faisait trois heures que l’autre poivrot l’exhibait devant la foule qui s’arrêtait à peine, juste le temps d’une photo pour Instagram. Patapon rongeait son frein. Dans quelques minutes, les autres éberlués allaient ramener du renfort : Flocon, Mistigri et Bebert. Le gang des lapins du 5e allait faire son ultime point avant son évasion.
Tout était prêt : carottes fraîches en apéro, vengeance en plat de résistance et la liberté en dessert.
La pluie se mit à tomber. Le trottoir se para de reflets irisés. Les autres arrivèrent enfin. Quand leurs propriétaires les posèrent sur la même couverture que Patapon, il éprouva une sensation extraordinaire : c’était pour ce soir.

En quelques mouvements des oreilles, façon sémaphore, il fît comprendre le plan aux trois autres. Enfin, au moins à deux d’entre eux, on ne savait jamais si Bebert était réveillé avec sa manie de dormir la bouche ouverte.
Le feu piéton voisin passa au vert et c’était parti ! Patapon, l’âme d’un révolutionnaire brûlant au fond de lui, se lança le premier. Trois bonds, une esquive pour éviter un passant et encore un caniveau à dépasser ! La cavale commençait fort.
Le quatuor à fourrure s’élançait à toutes pattes, ignorant les cris des témoins de cette évasion étonnante.  Il ne fallait pas se laisser déconcentrer. Une rue, puis deux, puis trois… Ils semaient enfin leurs gardiens. La ville leur appartenait tandis que la pénombre s’accrochait doucement aux toits en ardoise. Il allait falloir songer à trouver où se terrer pour la nuit.

Flocon repéra un accès au métro.

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Crédit photo : Pexels sur Pixabay