Il y a peu, j’ai décidé de devenir végétarienne. Ma petite sœur s’y est mise en fin d’année dernière, ce qui m’a fait réfléchir quelque peu. Ne mangeant déjà pas la plupart des viandes et ayant vu la manière dont sont traités les animaux d’élevage, c’était une suite logique dans ma façon de vivre.
Hormis quelques énergumènes enthousiastes dans mon genre et mon compagnon (qui a vu son régime évoluer par la force des choses), j’ai l’impression que les gens sont assez réticents quand on leur annonce qu’on ne mange pas de viande. Il me semble que ce qui inquiète le plus, c’est que la plupart des gens ne savent pas comment se nourrir différemment. Après tout, d’un point de vue traditionnel, les repas se composent d’une viande et d’un accompagnement. Retirez la viande et, rapidement, on s’imagine que vous n’avez plus qu’à manger des pâtes sèches et du riz. Il faut donc repenser son repas intégralement et, pour les hôtes non-végétariens, cela nécessite une certaine gymnastique qui peut très vite se transformer en un agacement prononcé.
J’ai eu l’occasion de rencontrer quelques réactions de rejet en bloc. Entre les « Pour quoi faire ? » qui n’attendent pas réellement de réponses et les « C’est n’importe quoi ! » scandalisés, je ne m’imaginais pas qu’on puisse être aussi défensif pour un régime alimentaire. Est-ce par incompréhension ou par facilité, parce qu’on ne rentre pas dans la case « repas traditionnel » que certains ne veulent pas en entendre parler ?
Les allergiques, les diabétiques, les femmes enceintes, c’est embêtant mais on peut les pardonner. C’est médical. Par contre, ceux qui ont choisi de ne pas avoir certains aliments dans leur assiette sont déraisonnables.
Quand je rencontre ce genre de réaction, j’avoue avoir une pensée pour la force dont doivent faire preuve ceux qui ont des choses plus intimes à annoncer qu’un changement de régime.
J’ai arrêté de manger du boeuf vers 11 ans. Un lien mental entre le steak trop cuit dans mon assiette et cette vache tremblotante sur tous les journaux télévisés aux heures de repas sans doute. Il aura fallu des mois de conflit pour que mon entourage comprenne que ce n’était pas un caprice, même si je conçois maintenant qu’il est difficile de prendre au sérieux la décision d’un enfant de cet âge.
Mille fois j’ai entendu le fameux argument du « cri de la carotte » que l’on arrache, le fait qu’il faut des protéines, des minéraux, du fer… Malgré toutes ces mises en garde, la souffrance des végétaux n’a pas encore été démontrée et mes seuls problèmes de santé sont un manque de soleil et du cholestérol, vous savez ce truc qu’on est sensé avoir quand on mange trop de charcuterie et de viande rouge.
Sans m’apitoyer sur ce qui a pu m’être dit, ce qui me tracasse le plus, c’est cette agressivité ambiante. L’un des exemples qui m’a particulièrement touchée, c’est ce refus en bloc des alternatives végétariennes dans les cantines. J’ai été consternée par la violence de ce rejet, par les réactions épidermiques des gens. Cette proposition me semblait une manière de découvrir de nouvelles saveurs et de s’ouvrir aux autres façons de vivre, mais beaucoup y ont vu une intrusion dans leur éducation, voire une grave atteinte à leur mode de vie.
N’ayant pas d’enfants, il m’est difficile de concevoir la menace qu’on peut y voir. Je me rappelle qu’à l’école, à la maison, j’ai mangé de façon traditionnelle pendant longtemps, pourtant je suis devenue végétarienne. Pour moi, pour la planète, pour les animaux. Et je ne peux pas m’empêcher de me dire que si on m’avait expliqué à 11 ans comment faire un repas équilibré sans viande, cela aurait sans doute permis d’éviter bien des crises aux heures de repas.
2% des français sont végétariens mais la plupart ne l’ont pas toujours été. Nombreux sont ceux qui ont mangé des poulets rôtis – frites le dimanche, du saucisson, et même goûté à cette langue de bœuf informe (et infâme ?) noyée dans la sauce à la cantine. Arrêter la viande ne se fait pas en un repas, par magie : c’est le fruit d’une prise de conscience, d’une envie d’évoluer dans ce sens.
Même si je m’attriste que la tendance générale ne soit pas à la réduction de la consommation de viande, je ne porte pas de jugement sur les carnivores en tous genres et ne me suis pas mise en tête de les convaincre à tout prix. Si l’on est curieux, j’explique mon choix, mes motivations, mais chacun reste libre du contenu de son assiette. Ce qui me semble plus symptomatique de ces derniers temps et que je ne saisis pas, c’est pourquoi certains s’acharnent à tourner en dérision et dénigrer des décisions réfléchies, pacifiques et sans incidence sur leur propre vie.
Crédit photo : « Chantenay carrot » par Claire Knights
Paulette
Pour ma part, je respecte totalement le choix du végétarisme, il faut juste me le rappeler quand j’invite à la maison car j’y pense jamais, c’est pas du tout un automatisme malgré le fait qu’il y a souvent des repas végétariens chez moi. Comme tu dis, souvent quand je reçois, je vais faire un plat de viande (mais de la bonne du boucher), c’est traditionnel…
Pour les cantines, sous couvert du végétarisme, je pense qu’il y a eu rejet car ça permettait de proposer une alternative aux plats contraires aux religions, c’est malheureux que tous les régimes alimentaires ne puissent pas être respectés à la cantine. Ma mère a eu l’occasion de travailler sur des appels d’offres de fournisseurs de cantines scolaires, c’est très compliqué de tout faire respecter en maintenant les budgets (sans compter si on ajouter l’aspect locavore et/ou bio…).
Paulette
Bordel de cul, comment on modifie un commentaire ? je fais comment pour corriger mes fautes !?
Groucho
Apparemment on ne peut pas corriger quand on est commentateur. C’est pas super super comme fonctionnement. Je vais voir s’il existe un système qui permet de corriger soi-même.
En attendant, dis-moi par commentaire ce que tu veux, je corrige et je supprimerai la demande de correction après.