Si l’on se base sur un synopsis, difficile de deviner de quoi parle « Cloud Atlas ». Pour exemple, le résumé du site Allocine.fr : « À travers une histoire qui se déroule sur cinq siècles dans plusieurs espaces temps, des êtres se croisent et se retrouvent d’une vie à l’autre, naissant et renaissant successivement… Tandis que leurs décisions ont des conséquences sur leur parcours, dans le passé, le présent et l’avenir lointain, un tueur devient un héros et un seul acte de générosité suffit à entraîner des répercussions pendant plusieurs siècles et à provoquer une révolution. Tout, absolument tout, est lié. ». Nébuleux, n’est-il pas ? Et pourtant tout est là.
En un seul film, on traverse six histoires aux univers bien différents, ce qui demande une certaine gymnastique mentale pour comprendre le fonctionnement de l’histoire générale. Chaque morceau s’articule autour des mêmes êtres, qui ont différents traits selon les époques, tandis que l’ensemble du film retrace la destinée de ces personnages au fil du temps.
De ce fait, on se retrouve à valser entre le périlleux voyage en bateau d’un jeune avocat qui rentre des colonies au 18e siècle, les amours d’un musicien hédoniste en quête de gloire pendant la Seconde Guerre Mondiale, une journaliste qui enquête sur une centrale nucléaire dans les années 70, un éditeur raté enfermé dans une maison de retraite par son frère à notre époque, une serveuse génétiquement modifiée embarquée dans une révolution qui la dépasse dans la Corée d’un futur lointain et la rencontre d’un homme issu d’une tribu avec une humaine « presciente » dans un monde post-apocalyptique. Chaque chapitre apporte son lot d’émotions et les aventures vécues par les personnages vont influencer la personnalité de leur prochaine incarnation. En trame de fond se dessine ainsi la morale de cette histoire : l’humanité doit apprendre des ses erreurs pour avancer et s’améliorer.
Quelques éléments font le lien entre les périodes pour nous rappeler ce qu’ont vécu les versions précédentes des protagonistes. Un bouton de manchette en pierre précieuse, une symphonie oubliée, l’adaptation d’un roman en film, ce qui perdure dans le temps nous montre que tous les événements sont liés et nous permet de saisir toutes les facettes de ce film en apparence décousu..
Cet OVNI cinématographique n’est autre que la dernière réalisation d’Andy Wachowski et Lana Wachowski (bien connus pour toute la saga The Matrix), en association avec Tom Tykwer. Bien qu’issue d’un livre de David Mitchell (qu’il va me falloir lire désormais), l’histoire a été retravaillée par ce trio pour le grand écran. Pas étonnant donc de retrouver cette façon saccadée d’enchaîner les scènes et cette narration qui semble désordonnée.
Passée la surprise de cette narration décalée, on se laisse vite prendre au jeu des histoires qui nous sont présentées et commence une partie de « Où est Charlie ? » avec les acteurs qui changent de visages à chaque période. Le film est porté par un casting détonnant, avec Tom Hanks (qu’on ne présente plus), Halle Berry (une excellente surprise je le reconnais), Hugh Grant, Hugo Weaving (oui, oui, le méchant de The Matrix ), Jim Sturgess et Jim Broadbent (le papa de Bridget Jones dans les films ) pour ne citer qu’eux. Le jeu des acteurs est très bon, voire bluffant. Sous les postiches et le maquillage, ils mutent pour changer de visage ou même de sexe.
Au-delà d’une danse en six temps, cette oeuvre est surtout un hommage au cinéma. Le polar pour les aventures d’Halle Berry dans les années 70, un film d’action rappelant un peu… Matrix pour la Corée du futur, une comédie anglaise pour l’éditeur enfermé dans sa maison de retraite, on traverse les différents genres avec les codes qui leurs sont associés. De mon avis de passionnée de cinéma, c’est un vrai plaisir de retrouver des clins d’œil aux grands classiques du septième art.
Alors certes, il faut réussir à dépasser l’aspect chaotique du découpage scénaristique pour apprécier toutes les subtilités de ce très bon film inclassifiable et trouver une position confortable pour tenir les 2h45 de sa durée (sans compter les publicités et bande-annonces). Cependant il fait clairement partie des films pour lesquels je n’aurai pas de regrets d’avoir payer ma douloureuse place dans un grand cinéma parisien et que je ne me lasserai pas de voir, et revoir, confortablement installée dans mon canapé.
En attendant de vous faire votre propre opinion, vous pouvez toujours jeter un œil à la bande-annonce ici.
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