« Il n’avait pas survécu à l’enfer pour succomber au pouvoir sacrilège de cette chose maudite, mi-nazi, mi-créature assoiffée. »
Par un beau week-end d’octobre, un de mes amis est passé me voir et m’a confié un livre en me disant : « Tiens, lis ça ! C’est bien ! ». L’une des dernières choses qu’il m’avait prêté étant un dvd de « Alf » ma première réaction a donc été le doute. D’un autre côté, ayant découvert de très bons films grâce à lui, je me suis finalement laissée séduire par ce roman : « La lignée » de Guillermo Del Toro et Chuck Hogan. Non seulement, grâce à cette lecture, je suis certaine d’avoir des amis de bons goûts mais j’ai passé un excellent moment de littérature d’horreur.
Si vous avez tendance à vous réveiller au milieu de la nuit en jetant un œil angoissé vers votre porte de chambre ou à vérifier trois fois que le verrou de votre porte d’entrée est bien fermé, peut être vaut-il mieux passer votre chemin et vous mettre à la camomille.
« La lignée » est le premier roman d’une trilogie vampirique qui ferait frémir un film de George Romero et s’en faire retourner Edward Cullen dans sa tombe (si seulement ça pouvait être possible !). Ecrit par Guillermo Del Toro, maître du film d’horreur espagnol, et Chuck Hogan, talentueux auteur de thriller, ce premier opus est addictif à souhait.
Le cœur de l’histoire commence quand le vol 753, en provenance de Berlin, atterrit à l’aéroport de JFK à New-York. Dès l’instant où ses roues se posent sur le tarmac, il s’arrête net, plongé dans le noir et le silence radio. Ephraïm Goodweather, épidémiologiste, va être contacté pour venir constater ce phénomène plus qu’inquiétant : tous les passagers sont morts, assis paisiblement dans leurs sièges. Dès lors, les événements vont devenir de plus en plus étranges et le lecteur va assister, impuissant, à une descente graduelle en enfer.
Si le fond rappelle beaucoup d’autres récits fantastiques, on peut apprécier le brio de ce duo à revisiter le genre du vampire et à contourner les pièges de certaines situations : les personnages effleurent la caricature sans tomber dedans et les grands clichés américains sont évoqués sans le larmoiement qu’on peut parfois leur associer.
Oubliez la bit-lit et les vampires qui brillent sous les sunlights des tropiques, ces vampires là sont des monstres plus proches des zombis que des créatures de capes et de dentiers. On y retrouve des éléments qui ont fait leurs preuves en matière d’horreur : les ténèbres, les morts qui se lèvent de leurs tombes, du sang et des contaminés, une vieille légende, une conspiration mondiale… Le tout est servi par une prose efficace et un découpage très cinématographique qui tient le lecteur en haleine à chaque nouveau tour du scénario.
Il y a comme une forme de masochisme exquis à continuer de lire ce roman, au plus noir de la nuit, alors qu’on a déjà caché trois fois sa tête sous la couette, sursauté deux fois à cause d’un bruit dans le radiateur et poussé un hurlement quand le chat a sauté sur le lit pour venir se coucher. Et si vous souhaitez achever votre cœur, déjà fragilisé par la puissance de ce récit, vous pouvez poursuivre votre excursion dans cet univers sombre en allant sur le site du roman, où des films courts issus du livre et des documents relatant les faits sont présentés pour renforcer votre immersion.
Pour ma part, j’ai acheté la suite, malgré l’avertissement de mon ami : «Ça devient plus sombre et il y a de moins en moins d’espoir ». J’ai coupé le radiateur, acheté une lampe de poche et mangé de l’ail, sait-on jamais.
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