Il y a quelques jours, j’ai eu la joie de trouver dans ma boîte aux lettres un petit colis contenant un livre, offert spontanément par une amie qui souhaitait me le faire découvrir.
Ce livre, c’est « Syngué sabour, pierre de patience » de Atiq Rahimi et je vous le recommande chaudement à mon tour.
Dans un pays où la guerre de religion fait rage, une femme doit s’occuper de son mari, paralysé depuis qu’une balle s’est fichée dans sa nuque. Alors qu’il reste immobile, impassible, elle prie, le lave et surtout lui parle. De ces lamentations sur le quotidien, elle finit par lui avouer peu à peu tout son ressentiment. Il devient sa Syngué Sabour, cette pierre à qui l’on confie ses malheurs et ses misères.
Prix Goncourt 2008, ce roman concilie la force d’un récit réaliste avec un point de vue très théâtral. Toute l’histoire se déroule en huis clos, dans la chambre où l’homme est immobilisé. Rien de ce qui se passe autour n’est décrit directement. On sait que des bâtiments sont en ruines, que la vie est rude, que les gens meurent grâce aux monologues de l’épouse et aux bruits entendus à l’extérieur.
Le génie de cette histoire réside dans son universalité et son intemporalité. Aucun personnage n’a de nom, les combattants n’ont pas d’identité et le pays n’est pas cité. Cela fait penser à la Syrie ou l’Afghanistan aujourd’hui, cela pourrait être un autre pays demain.
Le roman fait réfléchir sur ce que doivent endurer les femmes dans ces contrées frappées par la guerre et le poids de la religion. L’héroïne y décrit les pressions familiales, les brimades, la culpabilité incessante infligées aux femmes, esclaves de leur capacité à faire des enfants.
Dès les premières pages, j’ai été séduite par l’efficacité du style et les descriptions vivantes, presque palpables. Les 138 pages du roman se dévorent à pleines dents jusqu’au final intriguant, laissant le champ libre aux interprétations.
Un roman à partager absolument !
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