Grande amatrice de bande dessinée, j’ai toujours beaucoup apprécié les albums d’Astérix jusqu’à ce jour fatidique d’octobre 2005 où j’ai eu entre les mains l’album n°33, « Le ciel lui tombe sur la tête ». N’ayant pu dépasser les 10 premières pages, je me suis faite à l’idée que les aventures de ces bretons résistants encore et toujours à l’envahisseur n’étaient plus pour moi. Mon bref aperçu du film « Astérix aux jeux olympiques » m’a conforté dans cette optique et je n’avais plus qu’à me replonger ponctuellement dans les anciens albums avec nostalgie. Mais, comme dirait l’autre, ça c’était avant.

Une couverture épicte pour l'album n°35 d'Astérix

Une couverture épicte pour l’album 35 d’Astérix

Mon colocataire, ignorant mes déboires sentimentaux gaulois, m’a offert le dernier album, « Astérix chez les Pictes » et j’ai pu ainsi découvrir la nouvelle aventure de notre héros moustachu.

J’étais partagée entre l’appréhension de faire face à un produit marketing sans âme et l’espoir de retrouver l’esprit de l’une des bandes dessinées qui a bercé mon enfance. Sans Goscinny pour lui fournir les bons mots, Uderzo faisait son possible pour maintenir son irréductible village  à flot, jusqu’à ce drame de l’album n°33. Ce nouveau tome cependant annonce une ère nouvelle puisqu’il a été scénarisé par Jean-Yves Ferri et dessiné par Didier Conrad. On y retrouve les ingrédients qui ont fait le succès de la franchise : humour pour petits et grands, rencontre de nouveaux personnages sympathiques, retrouvailles de vieilles connaissances, des batailles, des romains un peu trop téméraires et bien sûr, un banquet final qui ne sera pas sponsorisé par Mc Donalds cette fois.

Pour résumer l’histoire sans trop vous en dire : lors d’un rude hiver en Armorique, Astérix et Obélix découvrent un Picte emprisonné dans la glace. Une fois le bougre sorti de son glaçon, les voilà tous trois partis sur les terres d’Ecosse à la découverte des peuples Pictes.

Scène de violence ordinaire dans la littérature jeunesse

Scène de violence ordinaire dans la littérature jeunesse

Les envolées lyriques et les jeux de mots qui faisaient défaut aux derniers tomes sont bien présents et on sent que Jean-Yves Ferry s’en donne à cœur joie. Entre les Mac écossais, leurs dieux délirants et les situations cocasses, les prétextes ne manquent pas pour placer une plaisanterie ou deux. Les attentes vis-à-vis des personnages sont satisfaites : Obélix garde ses idées fixes de romains et de menhirs, Panoramix reste tête en l’air et le village tout entier baigne dans sa folie quotidienne. Quant au dessin, rien ne choque. Astérix reste le même et, s’il m’a semblé percevoir quelques nuances par rapport aux dessins originaux par moments, je doute qu’on puisse s’en formaliser.

Pour ma part, je trouve que l’univers a bien été respecté, ce qui m’a permis de renouer avec cette part d’enfance qui me semblait perdue. A en juger par le succès que rencontre déjà la BD, je pense qu’on pourra bientôt retrouver de nouveaux albums de cette équipe, même si certains puristes craignent que les personnages n’évoluent trop et ne soient dénaturés lorsque Uderzo ne sera plus (inquiétude plutôt légitime lorsqu’on voit ce qu’il est advenu d’autres héros comme Spirou ). En attendant, c’est un pari réussi pour cette nouvelle équipe qui jouait clairement kilt ou double sur ce coup.